Page:Procès verbaux des séances de la Société littéraire et scientifique de Castres, Année 3, 1860.djvu/110

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tres, d’une institution que le traité du 14 mars 1596 avait laissée à la disposition du roi. Mais l’Édit de Nantes (1598) fut exécuté dans toute son étendue, et Castres continua à voir siéger dans son sein une cour de justice qui devait exercer sur son esprit intérieur une influence salutaire.

On sait combien furent nombreuses les difficultés que rencontra l’enregistrement, par le parlement, de l’Édit de Nantes, et, plus tard, son exécution sincère et complète. Les rapports des catholiques et des protestants n’en furent nullement altérés à Castres. Ainsi se manifestaient déjà les premiers résultats de cet esprit de conciliation que la chambre cherchait à faire prévaloir autour d’elle, et dont elle savait en toute circonstance donner l’exemple.

La chambre mi-partie prit dès lors le nom de chambre de l’Édit. Jusqu’en 1609, elle est restée fidèle à ses principes. Gaches résumant les événements de cette année termine ainsi : « C’était un temps qui fourmillait de duels, et, hors de ce malheur, on jouissait d’une paix très-heureuse. La chambre fleurissait dans Castres en toutes façons, étant composée d’officiers de mérite qui étaient en telle estime partout, qu’il se disait que le roi parlant un jour par occasion de la chambre de Castres, en présence des plus grands de sa cour, dit qu’il croyait avoir dans cette compagnie d’aussi habiles officiers qu’en toute autre cour souveraine de son royaume. »

Un grand nombre d’avocats s’établirent à Castres, et, en prenant place peu à peu dans l’administration de la cité, ils y firent prévaloir de plus en plus l’esprit et les principes qui dirigeaient la chambre.

En 1613, la reine régente provoqua dans le pays une certaine agitation, en changeant le mode auparavant suivi pour la présentation des conseillers catholiques. Jusqu’alors, le Parlement de Toulouse les désignait lui-même, et les prenait dans son sein. La reine voulut choisir huit conseillers sur une liste de douze qui lui