Page:Procès verbaux des séances de la Société littéraire et scientifique de Castres, Année 3, 1860.djvu/148

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et qu’il fut sûr de pouvoir la conduire au point qu’il avait remarqué comme ligne de partage, le problème fut résolu. Les autres travaux n’étaient plus que des difficultés secondaires, dont deux grandes puissances, le temps et l’argent, devaient incontestablement venir à bout.

Cependant la pensée de Riquet parait avoir subi de nombreuses modifications. Aurait-il voulu conduire les eaux de la Montagne-Noire, pour les déverser dans la Méditerranée, de là venir aboutir à Revel, aller rejoindre l’Agoût et par là le Tarn ? C’est un projet qui lui a été prêté et qui paraît peu vraisemblable. N’aurait-il pas plutôt voulu, en donnant au canal la direction qui a été suivie, lui fournir comme un embranchement, sur les lieux mêmes auxquels il avait enlevé leurs eaux ? Cette seconde supposition paraît plus probable, et les travaux entrepris sur l’Agoût au moment même où commençaient les constructions du canal du Midi, sembleraient la justifier pleinement.

Toutes les eaux qui servent à l’alimentation du canal se réunissent dans deux rigoles, la rigole de la plaine et celle de la montagne. La rigole de la montagne se jette directement dans le bassin de Saint-Ferréol. Celle de la plaine est formée par une dérivation du Sor à Pont Crouzot, se dirige vers Revel, où avait été construit un port qui conserve encore le nom de Port-Louis, et va rejoindre les eaux sorties du bassin de Saint-Ferréol, à un endroit appelé les Thomasses. Évidemment dans la pensée de Riquet, comme dans la volonté des États de Languedoc, il y avait quelque chose à faire pour les contrées que l’on privait de leurs eaux. Depuis les Thomasses jusqu’à Naurouse, la rigole du canal du Midi est navigable. En 1705 et jusqu’en 1725, ainsi que le constate le docteur Clos dans sa notice sur Sorèze, un service de transport pour les marchandises a été établi de Revel à Naurouse. Paul Riquet s’était lui-même servi de cette rigole pour le transport du bois et des pierres qu’il empruntait à la Montagne-Noire. Il serait donc facile, et c’est ce qu’a constaté en 1837, un voyage de M. le duc de Caraman, de faire de la rigole, un véri-