Page:Procès verbaux des séances de la Société littéraire et scientifique de Castres, Année 3, 1860.djvu/82

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qualification à Chapelain que nous ne connaissons guère que par les satires de Boileau, postérieures à cette époque, ou à Gomberville que nous ne connaissons guère. Mais pour bien comprendre et juger avec justice une époque, il faut se transporter au milieu de ses idées et de ses sentiments : il faut se les approprier, et vivre de sa vie. On est malheureux, disait Caton, un jour qu’un jeune homme critiquait un acte de sa jeunesse, d’être jugé par des hommes d’un autre âge. C’est qu’à un point de vue différent, les choses ne paraissent plus les mêmes. Or, bien des hommes voués à l’immortalité par la devise de l’académie, et fort estimés de leurs contemporains, peuvent être fort dédaignés aujourd’hui, et même avec justice, sans que cet hommage rendu au bon goût puisse leur faire perdre la place qu’ils ont occupée pendant leur vie, dans l’estime des hommes. Cette observation est vraie pour Chapelain, que Boileau malgré la raison, malgré sa verve satirique, malgré l’envie qui doit naturellement s’attaquer à un homme qui a longtemps et sans contestation, occupé le premier rang, ne put faire descendre que fort tard de son piédestal. Elle est vraie encore de Gomberville, quoique sa réputation ait été moins haute, et sa chute par conséquent moins éclatante que celle de Chapelain.

M. Flottes ne croit pas Chapelain désigné, quoiqu’il ait eu de longues et fréquentes relations avec Port-Royal. Il est certain que le style du billet ne diffère pas essentiellement du sien. Mais quand on lit avec soin les billets si fort en vogue à cette époque, on ne trouve guère entre eux de différences essentielles. D’ailleurs, Gomberville s’était montré favorable aux Provinciales ; il était ami des solitaires de Port-Royal, au point que l’on avait essayé de mettre les Provinciales sur son compte ; il avait été un des premiers académiciens, il « parlait très-purement sa langue, » et il était en rapports journaliers avec Arnauld. On le voit, ce ne sont que des inductions : mais entre tous les académiciens d’alors, il n’en est pas un à qui la désignation pût s’adresser mieux qu’à Gomberville.

Mlle de Scudéry n’a pas écrit le second billet. Quelque mérite qu’ait eu, surtout aux yeux de son temps, l’auteur de romans