Aller au contenu

Page:Procès verbaux des séances de la Société littéraire et scientifique de Castres, Année 3, 1860.djvu/95

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 95 —

l’initiative propre des habitants qui profitaient des croisades ou des guerres intérieures pour proclamer leur indépendance, n’est peut être, pas encore suffisamment connue. Sans doute, des travaux nombreux de comparaison, des études spéciales sur des villes qui ont joué un grand rôle, permettent de distinguer les éléments généraux qui entraient dans la constitution de ces corps si jaloux de leur pouvoir, et souvent si fiers dans leur langage. Mais la variété est si grande, la différence est si marquée, non pas seulement entre les communes du nord et du midi, mais encore entre des villes voisines, qu’il y aurait un intérêt véritable pour l’histoire, à dégager de leurs obscurités des origines trop souvent ignorées, ou des accroissements dont la trace est difficile à suivre et l’influence, dans bien des cas, impossible à pénétrer.

Les actes anciens faisaient mention pour la première fois des bourgeois de Castres en 1160. Cette date, en l’absence de l’acte primitif, doit donc être considérée comme celle de l’émancipation des habitants et de leur constitution en communauté. L’abbaye de Saint-Benoit avait étendu longtemps son pouvoir sur les habitations groupées autour d’elle. Plus tard, les vicomtes d’Albi, de Béziers et de Carcassonne, après avoir envahi successivement le territoire environnant, disposaient en pleine propriété de la ville de Castres. Elle avait prêté foi et hommage à Raymond Roger, vicomte d’Albi, qui succombe dans les guerres des Albigeois. Le 20 novembre 1209, sa veuve, Agnès de Montpellier, cède à Simon de Montfort tous ses droits sur les domaines de son mari. Une cession pareille est faite au mois de juin 1211, par son jeune fils. Enfin, en 1215, le concile de Latran dispose en faveur de Simon de Montfort, de tout ce qui avait appartenu au comte de Toulouse et aux seigneurs qui avaient suivi sa fortune. Le vainqueur ne jouit pas tranquillement de ses nouveaux domaines, et pendant qu’il va combattre pour faire reconnaître son autorité, et que, le 25 juin 1218, il va mourir sous les murs de Toulouse, Guy, son second frère, est investi de la seigneurie de Castres. En 1226, il cède ses droits à Louis VIII, roi de France.