Page:Proclamation du préfet Amelin en faveur de Duguet, candidat gouvernemental aux élections législatives.djvu/1

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Électeurs,

En présence des candidatures diverses qui sollicitent vos suffrages, l’administration préfectorale eût été heureuse de pouvoir garder une neutralité absolue, en vous recommandant seulement d’éviter de céder à des sympathies personnelles ou à des préférences locales et de ne vous laisser guider que par des considérations d’intérêt général.

Mais, dans les conditions où se pose devant vous la question électorale, elle a un devoir à remplir, devoir que lui imposent les efforts qui sont tentés pour diviser vos suffrages et pour donner à vos votes une direction qui serait en opposition avec vos véritables sentiments.

Vous accepterez donc des conseils que seul je puis vous donner avec une entière impartialité, parce que, libre de toute préférence, animé uniquement du désir de vous éclairer, je vous parlerai en ami sincère, et que je le ferai avec la modération que m’impose le respect dû au libre exercice du suffrage universel.

Depuis le jour où, par vos votes unanimes, vous avez fondé l’Empire, vous avez toujours été conséquents avec ce grand acte de votre volonté ; vous n’avez jamais hésité à donner une majorité considérable aux Députés unis à vous par le même dévouement politique, persuadés qu’ils sauraient soutenir et défendre vos principes.

Depuis ces éclatantes manifestations de vos sentiments, vous n’avez pas varié, et, aujourd’hui, vous êtes ce que vous étiez en 1852, en 1857, en 1863, profondément et sincèrement dévoués au gouvernement de l’Empereur, et résolus à soutenir ce que vous avez édifié.

Cette communauté d’opinions et de principes est donc la condition première, indispensable, que vous rechercherez dans le choix que vous avez à faire.

La trouvez-vous également dans tous les candidats qui s’offrent à vous ?

Je m’arrête : il ne saurait me convenir d’aborder des personnalités et de passionner un débat dans lequel la voix de la raison doit seule se faire entendre. Mais j’ai la confiance que vous saurez discerner la vérité, que vous ne céderez pas à des conseils intéressés, et que vous donnerez un nouvel et éclatant exemple de ce bon sens pratique qui jusqu’ici a toujours inspiré vos votes.

J’ai déjà assez vécu parmi vous pour avoir pu apprécier cette sagesse intelligente qui distingue nos populations, et en disant aux Agriculteurs qu’ils ne sauraient mieux faire que d’envoyer à la Chambre un Agriculteur ; aux Industriels et aux Commerçants, qu’ils ont plus que personne besoin de calme et de sécurité dans les hautes régions politiques, et que leurs intérêts les plus chers leur défendent de grossir les rangs de cette opposition dont la violence ne s’est déjà que trop révélée au pays, je suis assuré d’être entendu de tous.

Électeurs,

Vous irez donc tous au scrutin, j’en ai la confiance ; et après avoir mûrement examiné les titres et les antécédents de chaque candidat, vous repousserez ces sollicitations qui s’adressent aux passions, faute de pouvoir s’adresser à la raison publique ; vous voudrez ne pas démentir vos votes précédents, et en choisissant M. DUGUET, candidat du Gouvernement, vous serez restés fidèles à votre drapeau.


Châlons, le 9 novembre 1864

Le Préfet de la Marne, 
E. AMELIN