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le wagnérisme en france avant la guerre

Carvalho, le 17 mai 1897. Deux ans plus tard, Lamoureux donnait, au Nouveau-Théâtre de la rue Blanche, une série de représentations de Tristan et Isolde. Ayant accompli enfin l’un des rêves de sa carrière artistique, il mourait le surlendemain de la dernière soirée (21 décembre 1899)… Tristan n’entra à l’Opéra qu’en décembre 1905, après Siegfried (3 janvier 1902), dont Jean de Reszké fit le succès pendant une vingtaine de soirées. La même année 1902, au Château-d’Eau, des représentations extraordinaires étaient données sous les auspices de la Société des Grandes Auditions musicales de France ; dirigées en partie par M. Cortot, elles comprenaient Tristan et le Crépuscule des Dieux.

Le répertoire wagnérien avait conquis ainsi, en vingt-trois ans, nos grandes scènes nationales. Il ne lui manquait pour être complet, que les Fées et Rienzi, dont la représentation ne s’est jamais imposée.

Il semblerait que l’œuvre de Wagner étant joué couramment sur nos théâtres, les concerts, qui l’avaient fait connaître, pouvaient l’abandonner. Or, c’est le contraire qui s’est produit : plus l’œuvre wagnérien a été vulgarisé par la représentation, plus le public des concerts s’est montré friand d’en entendre et d’en réentendre à satiété des fragments symphoniques ou dramatiques. À tel point que nos sociétés de concerts se voyaient et se voient forcées aujourd’hui encore d’afficher du Wagner dès qu’elles