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richard wagner et la france

l’architecture que la musique qui en assura les recettes.

Qu’on se reporte aux programmes du palais Garnier, sous les directions Halanzier et Vaucorbeil : on y jouait… n’importe quoi, — et fort peu de compositeurs français. À côté du Prussien Meyerbeer, de l’Italien Rossini et de l’Italien Verdi, Halévy, Auber à leur déclin y figuraient le plus souvent, accompagnés d’un trio de compositeurs français déjà en possession de la gloire dramatique : Gounod, Thomas, puis Reyer.

Autour de ces sommets, quelques aimables compositeurs de ballets et d’éphémères « prix de Rome », joués quasiment par ordre, tenaient l’affiche. On y eût cherché en vain les noms d’un Berlioz ou d’un Lalo. Un Saint-Saëns même ou un Massenet n’y réussissaient que médiocrement[1].

Nous avons vu tout à l’heure que Pedro Gailhard, wagnérien par persuasion, avait monté Lohengrin en 1891 ; ce fut un succès, qui se traduisit par 73 représentations et 1 500 000 francs de recette en quinze mois ; le reste suivit, jusqu’à Parsifal (2 janvier 1914). Au total, Wagner comptait 1 111 soirées à l’Opéra de Paris, à la fin de juillet 1914, plus les

  1. Rien ne montrera mieux, croyons-nous, les variations du goût public, depuis l’avènement de Rossini et Meyerbeer jusqu’à nos jours, que le tableau suivant, indiquant le nombre de représentations des œuvres de l’ancien répertoire, de 1828 à 1893, à la veille de la première représentation de la Walkyrie, dont le succès est plus caractéristique que celui de Lohengrin, joué deux ans auparavant. Nous nous sommes servi des Rapports parlementaires annuels sur le Budget des Beaux-Arts et des précieux ouvrages d’Albert Soubies, notamment de son Almanach des Spectacles (1874-1913) et de ses 67 ans à l’Opéra (1826-1892), ainsi que des statistiques publiées chaque année,