Page:Prod’homme - Richard Wagner et la France, 1921.djvu/92

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
80
richard wagner et la france

Ce qui n’est jamais au pouvoir, ni même dans tout le caractère de l’Allemand, l’élégance, le compositeur[1] croit ne pouvoir s’en passer et, comme pour cela, s’il veut pourtant demeurer patriotiquement intentionné, il n’a à sa disposition qu’une espèce de Champagne de Meissen, il nous paraît insipide, en cet effort singulier[2],

Enfin, des articles que Wagner rédigeait dans les dernières années de sa vie pour ses Bayreuther Blätter, on peut encore détacher quelques expressions de sa pensée, toujours une sous des formes diverses selon les circonstances.

Dans Voulons-nous espérer ? qui date de 1879[3], Wagner rappelant la première des Maîtres-Chanteurs, note ce trait, qui n’est pas précisément à l’éloge de ses compatriotes :

Une excellente interprétation par le Hoftheater de Munich y reçut l’accueil le plus chaleureux : mais il est singulier que ce furent quelques spectateurs français qui y assistaient, qui reconnurent avec une grande vivacité l’élément populaire de mon œuvre et le saluèrent comme tel : rien au contraire, ne trahit une impression semblable sur la partie du public munichois que j’avais eu surtout en vue… Mon œuvre fut sifflée par les Juifs, et les Allemands la firent tomber comme une curiosité qu’on accueille avec des hochements de tête[4].

  1. Il s’agit de Spohr et de sa Jessonda, que Wagner avait vu représenter à Leipzig. L’article est daté du 28 décembre 1874.
  2. X, p. 6.
  3. La même année, la North American Review publia l’Œuvre et la Mission de ma vie, où Wagner réédite les théories qui lui sont chères. Voir, notamment, p. 19 et 22 de la traduction française de Hippeau (Paris, 1884).
  4. X, p. 120.