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CHAPITRE QUATRIÈME

entier, les produits des grâces accordées à prix d’argent, notamment celui des indulgences dont la vente, habilement réglée, s’appuyait sur un corps de doctrines imposé avec autorité.

La chrétienté était divisée pour cet objet en départements pourvus de collecteurs, et ceux-ci, dans le rôle de prédicateurs dont ils s’acquittaient simultanément, ne négligeaient rien pour rendre leur action fructueuse. La théorie des indulgences offrait un terrain tout naturel à la critique et aux conflits. C’est sur ce sujet que le débat s’engage. La querelle s’allume au fond de l’Allemagne. Un prêtre régulier de l’ordre des Augustins, professeur de théologie à Wittemberg, est chargé par le vicaire-général de son ordre de s’élever contre les prédications que faisaient les Dominicains pour la distribution des indulgences. Ce prêtre était Martin Luther (1517). Un des motifs secondaires de la commission qu’il venait de recevoir de son supérieur pourrait bien avoir été la jalousie que devait inspirer aux Augustins la préférence accordée sur eux aux Dominicains par l’archevêque de Mayence et de Magdebourg, qui avait récemment confié à ceux-ci la distribution des indulgences dans les églises de la Saxe. C’étaient les Augustins qui précédemment avaient accompli cette mission. Ils se trouvaient naturellement portés à juger qu’elle était moins bien remplie par leurs successeurs, et disposés à les accuser d’exagérer aux yeux des peuples la doctrine des indulgences, pour rendre plus productive son application.