— Je m’appelle Moustique.
— Moustique ? Ce n’est pas ton vrai nom. Voyons, dis-moi comment tu t’appelles.
— Ben… et vous ?
Le grand monsieur se pencha jusqu’à mettre son visage au niveau de la frimousse espiègle et répondit :
— Moi, je m’appelle Marc Ellinor.
Avec un accent gavroche acquis on ne sait où, le petit répliqua :
— Sans blague ?
— Et pourquoi serait-ce une blague ?
— Ben, parce que, moi aussi, je m’appelle Marc Ellinor.
— Je m’en doutais un peu… Viens par ici.
Un banc s’offrait à quelques pas. Le docteur s’y assit, attira à lui le petit garçon.
— Regarde-moi.
Il considéra les yeux ; d’un revers de main, rebroussa la chevelure brune et drue, palpa les épaules, les bras, les cuisses de sauterelle… Un peu mince, tout cela ; mais la chair était saine et ferme.
— Fais voir tes dents… Bien. Montre tes mains.
— Monsieur, elles sont sales.
— Fais-les voir quand même.
Il examina les doigts longs, la forme des ongles, et rit dans sa barbe :
— Un Ellinor pur sang !
Pendant cet inventaire, un travail s’accomplissait dans le cerveau de Moustique. Il dévisagea gravement le monsieur et demanda :
— Vous êtes peut-être mon grand-père ?
— Oui, petit Marc Ellinor, je suis ton grand-père.
Alors, l’enfant appuya ses deux mains sur les ge-