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YVETTE PROST

— Habille-toi, mon petit. Nous allons partir pour Toulon : ton père est souffrant.

Elle eut un cri sourd, déchirant :

— Mon père est mort !

Il la prit tendrement entre ses bras :

— Calme-toi, pauvre cœur fou ! Tu sais que je ne te mentirais pas… C’est Victorine qui a téléphoné ton père, en se levant, s’est senti indisposé ; sa gouvernante, en même temps qu’elle appelait un médecin, a cru devoir nous prévenir. C’est tout. Nous allons voir de quoi il s’agit ; mais je te supplie de ne pas forger les pires suppositions.

Il ne lui répétait pas exactement les paroles de Victorine, dont il était lui-même fort inquiet. Elle avait dit : « Monsieur s’est évanoui et l’on ne parvient pas à le ranimer. »

Lorsque le couple arriva, deux des confrères du docteur lui prodiguaient leurs soins. L’un des deux, le docteur Jollier, était un de ses plus chers amis. On avait couché le malade. Sa tête exsangue, aux yeux clos, semblait privée de vie. Blanche, éperdue, tomba à genoux devant le lit et colla sa bouche à la belle main pâle qui reposait, inerte, sur le drap.

Le docteur Jollier releva la jeune femme et, faisant un signe à Nérée, les entraîna dans une autre pièce.

— Docteur, supplia Blanche en retenant ses sanglots, dites-moi toute la vérité.

— La vérité, nous la cherchons. Nous ne comprenons pas encore… Nous sommes en présence d’une défaillance cardiaque dont il faut trouver la cause. Nous avons fait d’abord une piqûre d’huile camphrée qui…

Le second médecin entra :