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LE COUPLE AU JARDIN

— Tiens ! fit-il, ce pauvre Georges Cartier est mort. C’est un deuil pour le journal. Georges Cartier, depuis très longtemps, faisait la critique littéraire au Courrier.

Diane avait dressé l’oreille. Elle demanda :

— Croyez-vous, monsieur, que le successeur de ce journaliste sera désigné sans délai ?

— C’est peu probable, madame ; nous ne sommes pas à Paris et les critiques littéraires ne se rencontrent pas à chaque tournant de rue.

— C’est ce que je me disais. Pensez-vous que j’aurais quelques chances d’obtenir… au moins l’intérim ?

— Je n’en sais rien. Mais vous pouvez tenter une démarche.

Elle sembla hésiter, puis risqua :

— N’auriez-vous pas quelques intelligences dans la place ? Votre recommandation pourrait m’être précieuse.

— Je connais bien le directeur de ce journal ; je lui parlerai volontiers de vous si vous le jugez utile.

Elle se confondit en remerciements et montrait déjà une joie puérile, comme si l’affaire avait été conclue.

Galliane, le soir même, se disposa à se rendre aux bureaux du Courrier du Var.

Blanche se sentait dans un état d’exaspération déraisonnable qu’elle se reprochait. Elle ne put s’abstenir d’une remarque :

— Chéri, est-il bien prudent de t’entremettre ainsi ? Tu ignores tout du talent littéraire de Mme Horsel.

— Elle est intelligente. Elle n’aura pas de peine à faire aussi bien que ce pauvre Cartier qui n’avait guère évolué depuis vingt ans.

Mme Horsel n’est pas une enfant timide ; elle