Page:Proudhon - De la Capacité politique des classes ouvrières.djvu/126

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En autres termes, qu’est-ce que nous entendons acheter et qu’avons-nous loyalement à payer dans la journée de l’ouvrier, généralisons notre pensée, de quiconque nous rend service ?

Ce que nous avons à payer à celui dont nous réclamons le service, ce que nous entendons exclusivement acquérir, c’est le service même, rien de plus, rien de moins.

Mais dans l’usage ce n’est point ainsi que les choses se passent : il est une foule de circonstances où nous payons en sus de la valeur du produit du service demandé, tant pour le rang, la naissance, l’illustration, les titres, honneurs, dignités, la renommée, etc., du fonctionnaire. Ainsi un conseiller de Cour impériale est appointé à 4,000 fr., tandis que le président en a 15,000. Un chef de division au ministère est taxé à 15,000 fr. ; le ministre en touche 100,000. Les desservants des paroisses rurales ont été portés depuis quelques années à 800 fr. ; ajoutez 50 fr. de casuel ; les évêques reçoivent au moins 20,000 fr. Un premier sujet du Théâtre-Français ou de l’Opéra exige par an 100,000 fr. de fixe, et je ne sais combien de feux ; celui qui le double aura 300 fr. par mois. La raison de ces différences ? Elle est toute dans la dignité, le titre, le rang ; dans je ne sais quoi de métaphysique et d’idéal, qui, loin de pouvoir être payé, répugne à la vénalité……

Pendant qu’on exagère le revenu des uns par la haute opinion qu’on se fait de leurs fonctions et de leurs personnes, un bien plus grand nombre voit réduire presqu’à rien ses salaires et sa nourriture par le mépris qu’on fait de ses services et l’état d’indignité dans lequel il est systématiquement retenu. L’un est la contre-partie de l’autre. L’a-