Page:Proudhon - De la Capacité politique des classes ouvrières.djvu/135

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

surabilité des produits a été érigée en dogme, la mutualité déclarée une utopie, l’inégalité exagérée, afin de perpétuer, avec l’insolidarité générale, la détresse des masses et le mensonge de la révolution.

Maintenant c’est à la démocratie ouvrière de prendre en main la question. Qu’elle se prononce, et, sous la pression de son opinion, il faudra bien que l’État, organe de la société, agisse. Que si la démocratie ouvrière, satisfaite de faire de l’agitation dans ses ateliers, de harceler le bourgeois et de se signaler dans des élections inutiles, reste indifférente sur les principes de l’économie politique, qui sont ceux de la révolution, il faut qu’elle le sache, elle ment à ses devoirs, et elle sera flétrie un jour devant la postérité.

La question des travaux et salaires nous conduit à celle du commerce et de l’agiotage, par laquelle nous terminerons ce chapitre.


Chez presque tous les peuples le commerce a été tenu en méfiance et mésestime. Le patricien ou noble qui se livrait au commerce dérogeait. Toute opération commerciale était interdite au clergé, et ce fut un scandale immense, au dix-septième siècle, quand furent dévoilés les spéculations et bénéfices des jésuites. Entre autres trafics, les RR. PP. s’étaient assuré le monopole du quinquina. — D’où vient cette condamnation, aussi vieille que la civilisation, et que nos mœurs modernes, pas plus que nos maximes économiques, n’ont rachetée ? de la déloyauté, qui de tout temps a paru inhérente au trafic, et dont moralistes, théologiens et hommes d’État ont désespéré de l’expurger. La foi punique ou carthaginoise fut notée d’infamie dans l’antiquité. Mais