Page:Proudhon - De la Capacité politique des classes ouvrières.djvu/140

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manœuvres ou fonctionnaires publics qui n’agiotent pas, parce qu’ils sont payés à appointements ou salaires fixes.

Convenons-en donc : celui qui le premier, séparant dans sa pensée l’agiotage de l’échange, l’élément aléatoire de l’élément commutatif, le bénéfice de la spéculation de celui du négoce, laissa les réalités du commerce à d’autres et se contenta de spéculer sur des fluctuations, celui-là ne fit que tirer la conséquence de l’état de guerre, d’égoïsme et de mauvaise foi générale au sein duquel nous vivons tous. Il s’établit, si j’ose le dire, aux frais du public, censeur des transactions, en mettant à nu, par des opérations fictives, l’esprit d’iniquité qui préside aux opérations réelles. C’est à nous de profiter de la leçon ; car, quant à interdire par simple mesure de police les jeux de Bourse et les marchés à terme, on peut regarder une semblable entreprise comme irréalisable et presque aussi abusive que l’agiotage même.

Le mutuellisme se propose de guérir cette lèpre, non pas en l’enveloppant d’un réseau de pénalités plus ou moins judicieuses et presque toujours vaines ; non point en entravant la liberté du commerce, remède pire que le mal : mais en traitant le commerce comme l’assurance, je veux dire en l’entourant de toutes les garanties publiques, et par ce moyen le ramenant à la mutualité. Aussi bien que qui que ce soit, les partisans de la mutualité connaissent la loi de l’offre et de la demande ; ils n’auront garde d’y contrevenir. Des statistiques détaillées et souvent renouvelées ; des informations précises sur les besoins et les existences ; une décomposition loyale des prix de revient ; la prévision de toutes les éventualités, la fixation entre producteurs, commerçants et consommateurs, après discussion amiable, d’un