Page:Proudhon - De la Capacité politique des classes ouvrières.djvu/176

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pour ne pas dire les massacres de la Division du travail et des machines ; — les fureurs de la concurrence, les fraudes du commerce, les spoliations du crédit, les prostitutions de l’argent, la tyrannie de la propriété. Toute cette critique est depuis longtemps épuisée ; et, avec la Démocratie actuelle, ce serait perdre le temps que d’y insister. Nous prêchons des convertis. Seule la mutualité, qui tient à la fois de l’intelligence et de la conscience ; le pacte synallagmatique, si longtemps méconnu, mais qui rallie secrètement tous les travailleurs, oblige l’homme en même temps qu’elle féconde son œuvre ; seule la mutualité est inoffensible et invincible : car la mutualité, dans les sociétés humaines et dans l’univers, est tout à la fois le Droit et la Force.

Certes l’association, envisagée par son beau côté, est douce et fraternelle : à Dieu ne plaise que je la déshonore aux yeux du peuple !… Mais l’association, par elle-même, et sans une pensée de Droit qui la domine, n’en est pas moins un lien fortuit basé sur un pur sentiment physiologique et intéressé ; un contrat libre, résiliable à volonté ; un groupe limité, dont on peut dire toujours que les membres, n’étant associés que pour eux-mêmes, sont associés contre tout le monde : ainsi, du reste, l’a entendu le législateur : il n’a pas pu ne le pas entendre.

De quoi s’agit-il, par exemple, pour nos grandes associations capitalistes, organisées selon l’esprit de la féodalité mercantile et industrielle ? D’accaparer la fabrication, les échanges et les profits ; à cet effet, de grouper sous une même direction les spécialités les plus diverses, de centraliser les métiers, d’agglomérer les fonctions ; en un mot, de donner l’exclusion à la petite industrie, de tuer le petit