Page:Proudhon - De la Capacité politique des classes ouvrières.djvu/197

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nétrable à la raison : Dogme, Fiction, Drapeau, Symbole de secte, de parti, d’église ou de race ; article de foi ou raison d’État.

Rendons cela plus clair par quelques faits. La France forme une grande unité : nous pouvons, à partir de Hugues Capet, donner la date d’accession de chacune de ses provinces. En 1860, la Savoie et Nice ont été à leur tour annexées : qu’est-ce que cela prouve pour l’unité française ? Que lui font les accroissements de territoire et les conquêtes ? L’unité politique est-elle une question de superficie ou de frontières ? S’il en était ainsi, l’unité ne se trouverait que dans l’omniarchie du globe : personne ne croirait à la France, ni à l’Angleterre, ni à aucun autre État.

Du règne de la matière, passons à celui de l’esprit. Le suffrage universel, tel que l’a organisé la loi de 1852, est certainement une expression unitaire ; et l’on peut en dire autant du régime électoral de 1830, de celui de 1806, de celui de 93, etc. Eh bien, que signifient toutes ces formules ? Dans laquelle a-t-on trouvé le véritable ordre, la vraie unité politique ? Demandez plutôt dans laquelle nous avons rencontré le plus d’intelligence, le plus de conscience ; laquelle n’a pas failli au Droit, à la Liberté, au Sens commun. Tout à l’heure nous disions que l’Unité politique n’était pas une question de superficie territoriale et de frontières : elle n’est pas davantage une question de volonté ou de vote. J’irai plus loin : n’était le respect dû à la Démocratie ouvrière, qui paraît décidément tenir à ses droits électoraux, et l’espérance que depuis deux ans elle a fait naître, qui est-ce qui croirait au suffrage universel ?

Ce qu’il faut aux générations nouvelles est une unité qui