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Page:Proudhon - De la Capacité politique des classes ouvrières.djvu/22

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ni les monarchies absolues ou tempérées, ni les oppositions elles-mêmes, ni la bourgeoisie, ni le prolétariat, pas plus que le soleil et la lune, ne meurent de leurs éclipses.

À travers la foule quelques hommes circulaient, qui avaient protesté, non pas contre le vote, mais contre toute nomination, et qui avaient rendu publique, en la motivant brièvement, leur protestation. Que voulaient-ils ? Rien ou tout, c’était leur mot d’ordre. Rien, c’est-à-dire le statu quo jusqu’à extinction, sans hypocrisie, sans replâtrage constitutionnel, sans mystification parlementaire, sans opposition légale ; ou tout, c’est-à-dire le suffrage universel avec ses conditions, ses garanties, ses formes, son droit, sa philosophie ; avec ses conséquences politiques et économiques, en un mot avec toutes ses réformes sociales. Ils avaient assez du débat des Chambres, et du juste-milieu, et du tiers-parti, et des moyens termes, et de toutes les conciliations et bascules doctrinaires.

— Eh bien ! leur disaient les triomphateurs, vous voilà battus, enveloppés dans la défaite de M. de Persigny. — Comment, battus ! Parlez des candidats de l’administration, si cela vous plaît : on vous les abandonne. Parlez de vous-mêmes, qui, assermentés, légalisés, ralliés quoique opposants ou plutôt parce que opposants, vous êtes faits solidaires de la fortune de l’Empire. Quant à nous, vos vrais adversaires, le procès ne fait que s’engager. Vous avez voulu des élections, on sait dans quel but ; nous les avons repoussées : entre vous et nous l’avenir prononcera. Est-ce que vos 153,000 voix sont une réponse à nos raisons ? Est-ce que la question qui nous divise est de celles que l’on tranche par un coup de majorité ? Nous vous ajournons à six ans.