pas peu surprise d’apprendre que son idée est épuisée, qu’elle est aussi impuissante à faire l’ordre que la liberté, en un mot qu’elle n’a plus d’idée.
Avant 89, l’idée bourgeoise était une division de l’idée féodale. La noblesse et le clergé possédaient la presque totalité des terres, dominaient dans les châteaux, les couvents, les évêchés, les paroisses ; exerçaient les droits de main-morte et autres, rendaient la justice à leurs tenanciers et faisaient la guerre au roi, jusqu’à ce que, de défaite en défaite, ils eussent été réduits par la coalition des bourgeois et du roi à ne lui plus faire que leur cour. La bourgeoisie, de son côté, régnait sur le commerce et l’industrie ; elle avait ses corporations, priviléges, franchises, maîtrises ; pour échapper à la tyrannie des clercs et des nobles, elle avait fait alliance avec la Couronne et obtenu par ce moyen de compter pour quelque chose dans l’État. En 89 fut aboli tout ce système. La bourgeoisie, devenue tout en politique, put augmenter indéfiniment ses propriétés, continuant du reste de fabriquer et de trafiquer, comme les nobles de manger ce qui leur restait de revenu, et le clergé de chanter ses offices. D’idée il n’y en eut plus, pas plus chez les uns que chez les autres.
Je me trompe : voici ce que devint l’idée bourgeoise.
Devenue par son homogénéité, par ses capitaux, par son influence incontestée sur la plèbe, maîtresse de l’État, elle n’y vit pour elle qu’un moyen de consolider sa position acquise, et, par les emplois et le budget, de se créer un nouveau champ d’exploitation et de fortune. Substituée aux droits du clergé, de la noblesse et du roi dans les anciens états-généraux, la bourgeoisie n’aperçut nul inconvénient