Page:Proudhon - De la Capacité politique des classes ouvrières.djvu/229

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de réussite. Tout lui est occasion, moyen ou prétexte de concurrence acharnée, sans distinction de ce qui est le fait de l’homme et de ce qui résulte de la force des choses. L’assurance même, si aisée à mutualiser, il la pratique de préférence en mode monopoleur.

Cette insolidarité économique, je devrais dire cette non-moralité des transactions, préconisée par l’économie politique de l’école anglaise, le bourgeois s’en est fait un principe, une théorie, une doctrine. Pour lui, l’idée d’un Droit économique, complément et corollaire du Droit politique et du Droit civil, n’existe pas ; c’est un non-sens. Chacun chez soi, chacun pour soi ; Dieu (!) pour tous. Telle est sa devise. La science économique, telle qu’il la comprend, ne repose pas sur une notion à deux termes, notion synthétique et positive par conséquent, qui fait la science des intérêts à l’image de la justice même ; elle repose sur des notions élémentaires, simplistes, antinomiques, qui, ne pouvant se déterminer d’elles-mêmes et trouver leur équilibre, font de la science une bascule et une contradiction perpétuelle. Pour le bourgeois, par exemple, il n’y a pas de valeur vraie, bien qu’il parle sans cesse de la loi de l’offre et de la demande ; bien que ces deux termes, offre et demande, impliquent, chacun à un point de vue différent, l’idée d’une valeur exacte, dont le débat entre l’offreur et le demandeur indique la recherche. Aux yeux du bourgeois la valeur est essentiellement arbitraire, d’opinion. De ce que la valeur est mobile il conclut qu’elle est nécessairement fausse ; et Dieu sait combien cette fausseté qu’il impute aux choses lui rend excusables les égarements de sa conscience ! Aussi ne le verrez-vous jamais, ni dans ses