Page:Proudhon - De la Capacité politique des classes ouvrières.djvu/247

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Pouvoir compromettante pour elle seule, et à tous les points de vue inutile.

Rappelons-nous que depuis 1789, les vieux partis, divisés seulement par leurs préjugés de partis, moins que cela, par leurs couleurs dynastiques, sont à l’état de coalition permanente contre la plèbe, dont ils redoutent l’impatience ; que malgré l’ardeur de leurs polémiques leur système politique à tous est au fond le même ; que ce système a pour caractère essentiel, d’un côté la concentration gouvernementale, toujours et fatalement exprimée par la prérogative d’un chef de l’État ; d’autre part, l’anarchie économique, qui, sous le nom de liberté, couvre les usurpations, monopoles, parasitismes, agiotages et usures dont subsiste depuis 89 la nouvelle caste ; que dans cette combinaison étrange d’autorité monarchique et d’anarchie capitaliste et mercantile qui constitue l’Ordre bourgeois, l’Opposition au Pouvoir apparaît à son tour comme partie intégrante du système, nullement comme protestation éventuelle ; qu’elle fait antithèse au Gouvernement, mais n’est point l’ennemie du Gouvernement ; à telles enseignes, que les vieux partis légitimiste, orléaniste, bonapartiste, républicain de la forme, se succédant au pouvoir à tour de rôle, peuvent se prêter et se prêtent en effet serment sans engager leur opinion : il suffit, pour l’acquit de leur conscience, qu’ils s’abstiennent de conspirer, et restent fidèles à la caste et au système.

Les événements des seize dernières années ont mis tout cela dans le plus grand jour.

En 1848, la République établit le suffrage universel, nomme une assemblée de législateurs, se donne une cons-