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Page:Proudhon - De la Capacité politique des classes ouvrières.djvu/266

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M. Thiers. Historien du Consulat et de l’Empire, admirateur du premier Napoléon, on ne saurait lui supposer une antipathie bien profonde pour la postérité de son héros. Partisan de la forme monarchique, aimant la force, l’autorité et l’initiative dans le Gouvernement, passionné pour la gloire militaire, qu’a-t-il tant à reprocher au Gouvernement impérial ? Lorsqu’il dit à l’Empereur : Faites comparaître vos ministres, au lieu de nous envoyer vos conseillers d’État, et je suis avec vous ; ne semble-t-il pas que son adhésion ne tienne plus qu’à un fil ? Qui donc plus que lui, sans se rallier au Gouvernement impérial, pouvait se croire autorisé à prêter serment ?

Et pourtant il est aisé de voir que ce serment n’a rien de rationnel, pas plus que la condition à laquelle M. Thiers subordonne son ralliement, — et dont il est moins dupe que personne. M. Thiers, qui, dans l’avant-dernier volume de son histoire, a mis l’Acte additionnel de 1815 bien au-dessus de la Charte de 1814, ne peut ignorer que le mode de discussion actuellement suivi au Corps législatif est emprunté à ce même Acte additionnel : comment ce qui, venant de Napoléon Ier, a reçu l’approbation réfléchie de M. Thiers après une expérience personnelle de vingt ans, peut-il être repoussé par lui, mis en pratique par Napoléon III ? Donc M. Thiers s’est dit que l’Empereur ne pouvait transiger sur ce point, et c’est parce qu’il juge la transaction impossible qu’il en fait une condition, qu’il en fera, s’il peut, une nécessité. Comédie !

Mais que penser de MM. Berryer, Marie, J. Favre et autres qui, indépendamment des considérations de bonne