Page:Proudhon - De la Capacité politique des classes ouvrières.djvu/272

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La Démocratie ouvrière sait quelle est la profession de foi politique et sociale de l’Opposition, profession de foi qui lui est commune avec le Gouvernement. Remettons-la sous les yeux du lecteur :

1. C’est que la nation française, soit les 37 millions d’âmes qui peuplent nos 89 départements, forme un corps politique unique et indivisible ; — 2. Que ce corps politique se compose des éléments ci-après : un Peuple souverain, un Pouvoir qui le représente, une Constitution qui détermine leurs droits et attributions respectifs et leurs rapports ; — 3. Que le Pouvoir est, comme le corps politique ou l’État, également un et indivisible, la constitution à haute centralisation ; — 4. Que cette centralisation politique a pour contre-poids l’indépendance et l’insolidarité des industries, l’absolutisme des propriétés, l’anarchie mercantile, conduisant fatalement à la féodalité industrielle et financière, à la subalternisation du travail au capital. Tel est l’idéal politique de nos adversaires : le reste, constitutions, dynasties, présidences, dictatures ou directoires, élections et représentation, pouvoir exécutif et pouvoir législatif, responsabilité du prince ou responsabilité des ministres, est accessoire, question de forme. Voilà, dis-je, ce que dans l’Opposition et le Gouvernement on appelle la chose publique, chose dont chacun aspire à se saisir à tour de rôle, à laquelle tous sont dévoués, comme à leur patrie même, à la vie et à la mort, et dont l’intérêt sacré va jusqu’à les décider, dans les cas graves, à prêter serment de fidélité et obéissance à leurs ennemis intimes, à leurs rivaux. Voilà ce qu’il s’agit pour eux de sauver, ou du moins d’arracher aux griffes de l’aigle impériale,