Page:Proudhon - De la Capacité politique des classes ouvrières.djvu/281

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tions actuelles. Les députés de l’Opposition ont fait comme les autres ; ils n’avaient garde de laisser échapper ce grief. On a dit, et avec raison, que les groupes électoraux étaient formés arbitrairement, en dépit des relations de voisinage, d’industrie, d’intérêts, contre la raison naturelle, contre la raison économique, on pouvait ajouter, contre le principe du suffrage universel et direct. Des populations que la nature et le développement historique avaient jointes, accoutumées à vivre ensemble comme en famille, ont été divorcées ; d’autres, qui ne se connaissaient pas, confondues. C’était autant de personnes morales dont l’individualité était détruite, obligées qu’elles étaient de voter hors de leur centre, pour des gens et des intérêts qu’elles ne connaissaient point. Des députés dévoués au Gouvernement impérial s’en sont plaints hautement ; ils ont osé dire que c’était un mal ; qu’il ne fallait jamais, pour déjouer une élection opposante, d’ailleurs problématique, rompre violemment les affinités naturelles ou en créer d’imaginaires. Tout cela est on ne peut plus rationnel ; mais tout cela est incompatible avec le système du Gouvernement et de l’Opposition, et ce que je ne comprends pas, c’est que celle-ci ait eu le courage de s’en prévaloir. Qu’elle réponde donc à l’objection que je m’en vais lui faire.

Dans notre système de monarchie centralisée, d’Empire autocratique, de République une et indivisible, c’est tout un, les groupes ou circonscriptions naturelles, dont certain député du Nord demandait avec tant d’insistance le maintien, n’ont droit au respect du Pouvoir qu’autant qu’il y trouve convenance pour l’unité nationale, première