Page:Proudhon - De la Capacité politique des classes ouvrières.djvu/295

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l’indépendance des communes, les députés opposants aiment à faire leur cour, sans nul souci de leur serment et de leurs propres convictions, pas plus que de la logique et des faits. Depuis douze ans la ville de Paris est administrée par une commission impériale : s’en est-elle trouvée mieux ? s’en est-elle trouvée plus mal ? On peut soutenir le pour et le contre. Mais qu’elle ait gagné ou perdu, la ville de Paris, à ce qu’on assure, regrette ses conseillers municipaux : quelle occasion pour des représentants de faire de la popularité !

La question des libertés municipales est des plus compliquées et des plus vastes ; elle touche essentiellement au système fédératif, je dirais volontiers qu’elle est toute la fédération. Aussi ne pensé-je pas avoir besoin de protester de mon adhésion à une pareille réforme, en faveur de laquelle je me suis prononcé depuis bien longtemps et en mainte circonstance. Ce que je me propose de faire aujourd’hui, c’est de montrer, par quelques observations décisives, à quel point ceux qui, par esprit d’opposition où par toute autre cause, font le plus de bruit des libertés municipales, et qui néanmoins demeurent attachés au système de centralisation unitaire, sont en contradiction avec eux-mêmes ; quel triomphe ils préparent à leurs adversaires, et quelle déception au Pays !

Je dis donc que la liberté municipale est par nature incompatible avec l’unité gouvernementale, telle que l’ont voulue et définie successivement toutes nos constitutions, J’ajoute que cette incompatibilité est plus grande encore à Paris, à raison de son titre de capitale, que dans aucune autre ville de France.