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Page:Proudhon - De la Capacité politique des classes ouvrières.djvu/302

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toutes les libertés. Que l’on explique, puisqu’on se croit philosophe, ce que c’est qu’une liberté limitée, primée, gardée à vue ; une liberté à qui l’on a dit, en lui passant la chaîne et l’attachant au piquet : Tu paîtras jusque-là, tu n’iras pas plus loin !…

Les faits ont confirmé toute cette critique. Pendant les trente-six années de régime parlementaire qui ont suivi la chute du premier Empire, les libertés municipales et départementales n’ont cessé de déchoir, sans même que les gouvernements se donnassent la peine de les attaquer. Le mouvement s’accomplissait de lui-même, par la seule nature du principe unitaire. Enfin, après une série d’envahissements, dont le détail serait superflu, la commune fut définitivement ralliée à l’État par la loi du 5 mai 1855, qui attribue à l’Empereur, ou aux préfets ses missi dominiri, la nomination des maires et adjoints. Par la loi du 5 mai 1855 la commune est donc devenue ce que dès 1789, 1793 et 1795, la logique de l’unité avait décidé qu’elle serait, une simple succursale de l’autorité centrale.

Je dis que ce résultat était inévitable, qu’il ne faut pas y voir autre chose qu’un produit de la raison publique engagée dans la voie de la monarchie et de l’unité ; que ce que le Gouvernement impérial a fait en 1855 est la conséquence, imposée par les événements, de ce qu’avaient fait auparavant tous ses devanciers ; et que se faire contre lui, de ce développement nécessaire, un moyen d’opposition, alors que l’on se déclare soi-même partisan de l’unité, c’est de deux choses l’une : faire acte d’ignorance ou de mauvaise foi. Le régime municipal, tel qu’il existait encore sous Louis-Philippe, bien que singulière-