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Page:Proudhon - De la Capacité politique des classes ouvrières.djvu/325

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Hélas ! je ne le sens que trop : le jour est loin encore où de pareils vœux seront compris, même des intéressés. Supposez un des nôtres faisant entendre au Corps législatif de semblables paroles : tous ses collègues de la gauche crieraient haro sur le monstre ; il serait déclaré par la Démocratie de l’action traître à la patrie, ennemi des nationalités, agent de la coalition ; et, si après un tel scandale, il ne se hâtait de se démettre, on saurait l’y contraindre.


5o Algérie. — Après trente-cinq ans de possession, nous devrions avoir en Algérie cinq cent mille familles d’Europe, soit une population de deux millions au moins d’habitants, français et autres, la plupart cultivateurs, tous propriétaires, formant de Bone à Oran une confédération maritime, presque aussi grande que la Suisse, s’administrant et se gouvernant elle-même, ayant ses assemblées de province et son assemblée générale, son conseil exécutif et ses municipes ; et sans autre rapport avec la mère-patrie que les échanges, et provisoirement l’envoi d’une armée de moins en moins considérable, et dont l’Algérie ferait les frais, en disposant elle-même comme Charles X disposait des Suisses.

Pour exécuter ce plan, il y avait un moyen facile. La terre, une terre excellente, abonde en Algérie. Cette terre, il fallait, non pas la vendre, mais la donner pour rien à tous ceux de nos nationaux qui auraient offert d’aller s’établir en Afrique avec leurs femmes et leurs enfants, et d’en cultiver le sol de leurs propres mains. À ceux qui n’auraient pu payer leur voyage et se procurer le premier capital d’établissement, il fallait assurer le passage gra-