En premier lieu, l’instruction de l’homme doit être, comme autrefois le progrès dans la piété, tellement conçue et, combinée qu’elle dure à peu près toute la vie. Cela est vrai de tous les sujets, et des classes ouvrières encore plus que des savants de profession. Le progrès dans l’instruction, comme le progrès dans la vertu, est de toutes les conditions et de tous les âges : c’est la première garantie de notre dignité et de notre félicité.
Mais il est une époque d’éducation préparatoire, un temps d’écolage, pendant lequel l’enfant et l’adolescent ne font guère autre chose que se munir des connaissances élémentaires, s’exercer aux travaux de l’industrie, demeurant ainsi, en partie du moins, à la charge des familles, jusqu’à ce qu’ils soient en état de pourvoir seuls à leur instruction ultérieure et à leur subsistance. C’est de cette période primaire de l’enseignement, la seconde de la vie humaine, que nous avons à nous occuper : elle s’étend, en moyenne, pour l’un et l’autre sexe, de l’âge de sept ans révolus à dix-huit, ans, soit un laps de dix à douze années.
Il importe d’observer ici deux choses. D’abord l’instruction doit comprendre l’apprentissage ; la séparation de l’enseignement littéraire et scientifique de l’apprentissage industriel a été jugée par les hommes qui se sont le plus occupés de pédagogie (voir l’Émile de Rousseau), une chose mauvaise, et toutes les tendances modernes lui sont contraires. En second lieu, l’instruction qu’exige la Démocratie nouvelle doit être à tous les points de vue bien supérieure à celle que la moyenne des ouvriers reçoit aujourd’hui, et qui n’est que l’insigne de l’indigence. Ce que nous demandons n’est plus cette éducation servile,