Page:Proudhon - De la Capacité politique des classes ouvrières.djvu/399

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constamment défavorable. Crise financière et monétaire, achat de métaux précieux, hypothèques prises par l’étranger sur le territoire national, sont les moindres conséquences qui devaient en résulter. Aussi, en présence des faits alarmants dénoncés par M. Pouyer-Quertier, le mensonge libre-échangiste n’a pu tenir. Tous les sophismes ont été oubliés ; et l’on n’a eu de repos que lorsque, sur la foi des statistiques officielles, on a cru pouvoir dire au Pays : rassurez-vous ; nous aurons à recevoir cette année même un solde de 255 millions en espèces !… Ni la prudence du Pouvoir ni la critique bourgeoise ne sont jamais allées au delà.

Tout n’est pas dit cependant, parce que l’encaisse de nos banques aura été préservé, voire augmenté ; et de ce que, des deux côtés du détroit, la masse des échangistes n’aurait rien perdu, ou même aurait fait des bénéfices, il ne s’ensuivrait point que la situation du pays ne serait pas devenue pire.

Qui dit libre-échange, au sens où ce mot est employé par l’école anarchique, dit naturellement, et dans le même sens, libre concurrence : ces deux expressions peuvent être considérées comme synonymes. Ce n’est pas tout : au libre-échange et à la libre concurrence viennent s’ajouter, par la loi des analogies et la force des conséquences, et toujours d’après la même définition négative de la liberté, la libre industrie, le libre crédit, la culture libre, la propriété libre, l’hypothèque libre, etc. Toutes ces catégories de la liberté peuvent se résumer en une formule unique, qui sera l’économie politique libre, c’est-à-dire anti-juridique, anti-mutuelliste, anti-sociale.