liste, mercantile et industrielle : personne, ni dans la bourgeoisie haute et moyenne, ni dans le Gouvernement, ni même dans l’école, n’a jamais suivi jusqu’au bout les conséquences du libre-échange : l’intelligence des intéressés, nous l’avons vu par les discours prononcés au Corps législatif, n’est jamais allée au delà de ce que l’on a appelé Balance du commerce. Ce que j’ai voulu dénoncer, c’est la connexité des faits économiques, de laquelle naît dans le Gouvernement et dans l’aristocratie, une sorte de logique ou instinct qui les fait aller à leur but avec une certitude qui ressemble à de la préméditation. Mais, je le répète, le savoir économique de tout ce monde est loin d’atteindre à cette profondeur ; et s’il est un trait qui caractérise aujourd’hui les classes élevées c’est, ainsi que je l’ai fait voir ailleurs (IIe partie, ch. ix), l’absence totale de principes, ou, pour mieux dire, l’inintelligence absolue des idées qui les font mouvoir, et le parti pris d’une existence au jour le jour.
Un dernier mot à présent sur la conduite qu’avaient à tenir, lors des dernières élections, à propos du Traité de commerce, les démocrates adversaires du libre-échange.
D’après la Constitution de 1852 et la plupart de celles qui l’ont précédée, le Chef de l’État fait les traités de commerce. La Constitution de 1848 avait eu soin de le répéter en propres termes. Napoléon III, en signant celui de 1860, n’avait donc fait qu’user de sa prérogative. Aussi M. Pouyer-Quertier, tout en critiquant le traité, ne s’est-il pas permis d’en demander la résiliation ; il s’est borné à d’humbles remontrances, suppliant qu’on s’arrêtât dans cette voie s’il en était temps encore.