Page:Proudhon - De la Capacité politique des classes ouvrières.djvu/421

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Voilà ce que l’on objecte, et à quoi il est difficile de ne pas accorder au moins une apparence d’équité. Mais un examen plus approfondi vient de nouveau faire tomber cette sentimentalité, en faisant, voir que dans ces luttes de coalitions entre ouvriers et maîtres, luttes qui se terminent presque toujours à l’avantage de ceux-ci et au détriment de ceux-là, des intérêts d’un ordre plus élevé se trouvent en jeu, je veux dire la réalisation du droit dans le corps social, manifestée par l’observation des formes légales, et le progrès des mœurs, qui ne permet pas que la violence, eût-elle cent fois raison, l’emporte sur la loi, celle-ci ne servît-elle que de palliatif à la fraude.

Que les ouvriers le sachent donc, non pour leur confusion, mais pour leur plus prompt avancement : c’est cette ignorance, ce manque d’habitude, je dirai même cette incapacité des formes légales, qui a fait jusqu’à présent leur infériorité, et motivé tant de fois les rigueurs du Pouvoir contre leurs folles insurrections. Qu’ils méditent les sages paroles que nous avons déjà citées d’après leur nouvel organe, l’Association :


« Ce qui est une question plus neuve et actuellement plus intéressante, c’est de savoir, non plus seulement si l’homme du peuple est capable d’exprimer un vote politique ; c’est de savoir si un groupe d’ouvriers, se formant spontanément (et d’après les règles supérieures du droit), peut se constituer lui-même en atelier et dégager, de son propre sein et par ses propres ressources, la force initiatrice qui met l’atelier en mouvement et la force directrice qui en régularise l’activité et pourvoit à l’exploitation commerciale de ses produits. »


Que les ouvriers n’oublient pas surtout que, sous le