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Page:Proudhon - De la Capacité politique des classes ouvrières.djvu/434

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collectivité n’est pas vraie ! Et pourquoi n’est-elle pas vraie ? Parce qu’une collectivité est une unité d’ordre supérieur, dont les fonctions et attributs sont tous différents, souvent inverses de ceux de l’unité simple. M. Ollivier possède son Code civil ; il n’est pas communiste, nous le savons tous ; c’est un défenseur dévoué de la propriété. Eh bien ! M. Ollivier sait-il en quoi la propriété diffère de la communauté ? C’est tout uniment que celle-ci est collective, tandis que l’autre est individuelle. Sortir de l’indivision, comme parle le Code, là est le fait novateur, capital, révolutionnaire, qui constitue la propriété. Que répondrait M. Ollivier à un communiste qui, reprenant son argument en faveur du droit de coalition, lui dirait : Si la propriété, selon vous, est une institution si utile, si féconde quand elle se rapporte à un seul, combien ne le sera-t-elle pas davantage, dans une collectivité indivise ?… M. Ollivier s’écria un jour en plein parlement : Je suis républicain ! Vraiment, la manière dont il raisonne du droit de coalition m’en ferait douter, et je lui pose la même question que tout à l’heure : Qu’est-ce qui distingue, suivant lui, la République de la Monarchie ? C’est, entre autres, qu’en Monarchie la souveraineté se résume en un homme, le Roi ; tandis qu’en République, elle est distribuée dans un Sénat, une assemblée de rois, disait à Pyrrhus le philosophe Cynéas. Que répondrait cependant M. Ollivier à un partisan de l’Empire qui lui dirait : Vous vous inclinez devant la majesté d’une assemblée, organe et représentant de la Nation ; à combien plus forte raison devez-vous honorer l’Empereur, en qui se résume la puissance, la richesse, l’autorité et toutes les libertés du Peuple ?