Page:Proudhon - De la Capacité politique des classes ouvrières.djvu/82

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

sentent. Elles seront de la famille, comme les chevaux, les moutons, les chiens ; elles ne se connaîtront pas comme classe, et à peine comme race. Qu’elles restent impénétrables à l’idée : à moins qu’une révélation ne leur vienne du dehors, leur servitude pourra se prolonger indéfiniment.

En France, le peuple, de même sang et dignité que la bourgeoisie, ayant même religion, mêmes mœurs, mêmes idées, ne différant que par le rapport économique indiqué par les mots capital et salariat, le peuple, dis-je, se trouva debout, en 1789, en même temps que la bourgeoisie. L’incendie de la maison Réveillon, tant d’autres actes d’une déplorable violence, témoignent que le peuple eut le pressentiment que la Révolution ne s’accomplirait pas d’abord à son profit autant qu’à celui de la classe bourgeoise. De ce soupçon trop bien justifié de la plèbe naquirent, à côté des Feuillants, des Constitutionnels, des Girondins, des Jacobins, etc., tous partis bourgeois, les partis ou sectes populaires connus sous les noms de Sans-Culottes, Maratistes, Hébertistes, Babouvistes, qui ont acquis une si terrible célébrité dans l’histoire, mais qui, de 92 à 96, eurent du moins le mérite de donner à la conscience plébéienne une secousse telle que depuis ce moment elle ne s’est plus endormie.

Alors aussi commença contre le peuple l’œuvre de répression. Comme on ne pouvait plus étouffer son sentiment, on entreprit de le contenir par une forte discipline, un pouvoir fort, la guerre, le travail, l’exclusion des droits politiques, l’ignorance, ou bien, à défaut de l’ignorance dont on rougissait, une instruction primaire qui ne donnât pas d’inquiétudes. Robespierre et ses Jacobins, la faction Thermidorienne après lui, puis le Directoire, le Consulat,