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énoncé (183), que l’esprit peut trouver dans la nature, selon le point de vue où il se place, une multitude de systèmes, tous également vrais, bien que la nature elle-même n’en adopte exclusivement aucun.

Voici un échantillon de cette transcription.

Je prends pour base ou formule de système ternaire la classification ordinaire par règnes, minéral, végétal, animal ; c’est-à-dire, la matière, la vie, l’esprit ; classification à laquelle se rapporte la série ontologique : substance, cause, rapport[1]. Puis, divisant les sciences, selon qu’elles sont descriptives, énonciatives de phénomènes ; ou qu’elles étudient les forces, les mouvements, progrès, altérations, changements ; ou enfin qu’elles formulent des lois et déterminent des rapports, j’arrive à une distribution des sciences aussi exacte, aussi régulière que celle trouvée par M. Ampère.

Ainsi cet auteur divise la Zoologie en quatre parties : Zoographie, Anatomie, Anatomie comparée, Physiologie, correspondantes chacune aux quatre moments de l’observation scientifique : étude externe, observation interne, étude comparative, étude des mouvements vitaux.

Dans le système ternaire, établi sur d’autres considérations, la Zoographie et l’Anatomie, l’observation externe et l’observation interne ne sont qu’un : c’est-à-dire qu’elles formeront une science unique, embrassant la description complète de l’être, intus et in cute, la nature n’ayant ni dedans ni dehors, et le degré de notre pénétration ne changeant rien à l’espèce des phénomènes. Cette science, purement descriptive, et pour ainsi dire matérielle, est le premier terme de la série.

La Physiologie, étude des forces vitales, de leur action et de leur influence, rejetée par M. Ampère au 4e rang, occupera ici la 2e place ; le plus ou le moins de difficulté que nous coûtent nos découvertes, l’ordre dans lequel elles se suivent ne touchant point à la nature, qui procède, elle, simultanément et synthétiquement. La Physiologie, science de la vie, se classe régulièrement sous le règne végétal, qui nous montre la vie séparée de l’esprit.

Enfin, l’Anatomie comparée, ou Zoonomie, étude des rapports et des lois de l’organisation, dont les degrés divers correspondent aux divers degrés des manifestations de l’esprit, forme régulièrement le 3e terme de cette série.

On voit d’après cela que le système de M. Ampère, ayant pour

  1. Cette division revient à la définition de l’homme par M. P. Leroux : L’homme est sensation-sentiment-connaissance ; et à la formule psychologique de M. Cousin : Sensibilité, Activité, Raison.