sion est séparée de la majeure par un abîme. Dans le système du monde, chaque globe peut avoir une destination propre, coordonnée à celle des autres corps célestes, mais pourtant distincte : comment affirmer d’après cela que le rôle de la lune est en tout semblable à celui de la terre ? — Dieu est auteur de tous les êtres sans exception : pourquoi faire l’homme, plutôt que les autres créatures, semblable à Dieu ? — Afin de sauver l’anthropomorphisme, se jettera-t-on dans l’identité universelle ? Mais l’identité universelle appliquée à la création est adéquate à la diversité universelle, ce qui est la plus haute contradiction possible.
276. Au contraire, qu’y a-t-il dans ce que nous appelons transformation de formule ? Une équation ordinaire, qui, exécutée non plus sur des sujets divers considérés d’un même point de vue, mais bien sur les différentes faces d’un sujet unique, fait de ce sujet une progression, une composition, un ensemble différencié et systématique. La terre présente successivement au soleil chacun de ses méridiens et chacun de ses pôles : donc il y a sur la terre des alternatives d’ombre et de lumière, de chaud et de froid, de torpeur et de vie, des aurores et des crépuscules, etc. Cette série de phénomènes constitue l’économie du globe, fondée tout entière sur ce double phénomène, le passage du soleil au méridien et le balancement sur les pôles. De même, dans la série théologique de Fourier, le 2e terme n’exprime rien au delà du 1er ; le 3e rien au delà du 2e, ainsi des autres. Ce sont comme les phases de l’Être divin, s’engendrant les unes les autres, et formant par leur enchaînement le système de ses attributs.
Certes, je ne crois pas que la formule de Fourier épuise tout ce qu’il y aurait à dire sur l’Être divin ; elle a laissé dans l’ombre plusieurs questions importantes, comme, par exemple, si Dieu est adéquat au monde ; s’il existe dans le monde ou hors du monde ; s’il est l’homme ou autre chose que l’homme ; s’il y a un moi divin, une volonté, une liberté divine, etc. Mais tout incomplète qu’elle soit sans doute, la série des attributs de Dieu donnée par Fourier est régulièrement formée, et nous pouvions l’offrir comme modèle de systématisation.
277. Tout le monde sait que le système newtonien n’est qu’une suite de formules transformées, d’après une hypothèse fondamentale, l’attraction. Deux corps placés à distance dans l’espace pèsent l’un sur l’autre en raison directe de leurs masses et inverse du carré de leurs distances : si on donne à l’un des deux une impulsion quelconque, ils décriront une orbite autour d’un foyer ; si au lieu de deux corps, vous en supposez douze, quinze, trente, divers de masse, de volume et de distance, vous aurez une série