riation et de synthèse, que notre race élève son noble front au-dessus de toutes les autres, et qu’elle finira par demeurer seule maîtresse et usufruitière du globe. Car toute individualité incapable de s’ordonner par la science et la raison, dans une société savante et raisonneuse, est condamnée à servir ou à périr : elle est anormale.
Or la série est la loi du progrès, comme la forme de la raison et de la nature ; la série est ce dont l’intelligence s’empare avec le plus d’amour et de facilité ; la série donne des forces à la faiblesse en même temps qu’elle impose des entraves au génie : j’en conclus que la tendance sociale est à l’équivalence des capacités.
Mais les capacités seront-elles jamais parfaitement égales ? Demandons plutôt si les passions ne commettront plus d’écart ; si les machines ne causeront jamais d’accident ; s’il ne naîtra plus de phthisiques ; si tous les hommes ressembleront à l’Apollon, et les femmes à la Vénus. Je dis donc, et je puis le dire sans danger pour la liberté, que cette égalité absolue est peu probable : il suffit, pour notre gouverne, qu’elle soit démontrée comme la norme et la condition de la société. L’infirmité physique, morale et intellectuelle, comme une lèpre hideuse, est aujourd’hui le mal du plus grand nombre ; elle doit progressivement être guérie, et réduite à une minorité toujours décroissante : tel est le principe de l’égalité civile. La charité nous est commandée envers les incurables : tel est le précepte de la fraternité universelle.
Nous verrons plus tard, en cherchant les conditions du travail, quelle peut être la mesure de comparaison des capacités.
320. Prouver la vérité d’une proposition en allant du connu à l’inconnu ; réfuter un sophisme ; déterminer la valeur d’une hypothèse sans attendre l’expérience ; démontrer l’anomalie d’un fait, et par conséquent réduire son autorité à rien : c’est toujours la même opération ; c’est constater, par la construction des idées, la présence ou l’absence de la série, en un mot, c’est former des genres et des espèces. Voilà la raison de cette singulière puissance d’à priori que l’on ne saurait s’empêcher d’admirer dans la dialectique sérielle, et qui l’élève si fort au-dessus de l’ancienne logique ; voilà ce qui fait de la méthode transcendentale, dont nous avons exposé les éléments, un critérium de la vérité indépendant des faits eux-mêmes, une règle qui nous affranchit des démonstrations si coûteuses et souvent si funestes de l’expérience, comme les mathématiques nous préservent de toute tentative impliquant une violation de leurs lois.
Je m’étais proposé d’abord de montrer dans ce paragraphe comment, en matière législative, la théorie sérielle apprend à décou-