clament la truelle et la houe faisant office de bureau, bibliothèque, église et théâtre.
On travaille : mais quel est ce travail ? Ici, honneur et joie, doux loisir, large rétribution ; là, exercice monotone, rebutant, payé de mépris : accaparement d’un côté, fériation de l’autre ; partout besogne mal faite, produits incomplets, falsifiés, sophistiqués, incohérence, désordre, irresponsabilité, surexcitation, abrutissement.
Ce n’est pas là un travail organisé : c’est la confusion d’un incendie.
415. Comme le travail, analysé dans ses effets, nous a donné successivement, par équation sérielle, les notions de produit, valeur, capital et salaire, lesquelles, analysées à leur tour, et suivies dans toutes leurs applications, transformations et combinaisons, constituent la première partie de la science économique : ainsi le travail, considéré dans sa division, nous découvrira les caractères essentiels du travailleur, les conditions qui rendent la fonction utile et normale, et, de cette conception fondamentale de l’élément politique, nous arriverons, par une sorte d’intégration sérielle, à l’organisation des sociétés.
Et d’abord, qu’est-ce que diviser le travail ?
416. I. Spécification. Voici un fossé à creuser ; tout auprès, une terrasse à élever, et cent ouvriers, ayant chacun pioche, houe, panier, hotte, brouette, prêts à se mettre à l’œuvre. Or, l’opération de creusage et terrassement dont ces ouvriers sont chargés peut s’exécuter par eux de deux manières différentes.
Ou bien chaque ouvrier, s’armant tour à tour des divers instruments qu’il a apportés, creusera un centième du fossé, transportera un centième des déblais, et fera un centième de terrasse : dans ce cas, le travail aura lieu comme s’il avait été entrepris par un seul homme, répétant une même suite d’opérations cent fois. C’est ainsi que s’exécutent aujourd’hui la plupart des opérations rurales : cent laboureurs menant charrue font chacun un centième des travaux de labour, semaille, moisson, etc., qui composent l’ensemble de l’exploitation de la commune. Dans ce mode de répartition du labeur, on a partagé la matière, on n’a pas divisé le travail. Sans doute cette division de la matière travaillée présente déjà de grands avantages : en opérant sur plusieurs points à la fois, l’exécution est plus rapide que si les laboureurs, formés en colonne, parcouraient successivement toutes les parties de leur territoire. Mais, dans un pareil système, les travailleurs, à leur grand dommage, demeurent étrangers l’un à l’autre, et pour eux