rilité, l’infection. Ajoutez que tout grand homme de guerre fut l’oppresseur de son pays, ou disposé à le devenir. La dépravation du caractère dans le soldat sert merveilleusement en cela les projets d’un chef ambitieux. En 92 et 93, lorsque Lafayette et Dumouriez voulurent marcher sur la Convention, l’armée, qui les aimait, les abandonna : elle était composée de recrues, mais ces recrues étaient des citoyens. Quelques années plus tard, Bonaparte, brisant la constitution et s’emparant de tous les pouvoirs, eut pour complices les héros d’Arcole et de Marengo : leur civisme avait eu le temps de s’user.
En vain, dans une collision entre le pouvoir et le peuple, compterait-on sur l’intelligence des baïonnettes : il n’y a de baïonnettes intelligentes que celles des gardes nationaux ; aussi les gouvernements à préjugés dynastiques n’en veulent pas. Cette répugnance nous indique tout à la fois le danger et le remède.
Qu’à l’avenir tout citoyen soit soldat ; que la garde nationale mobile prenne la place des armées permanentes ; que le temps de la présence au corps soit abrégé de trois quarts ; qu’aux exercices militaires se joignent des travaux de reboisement, défrichement, canalisation, etc. (531) ; que le service intérieur soit fait concurremment par les gardes urbaines et les gardes mobiles ; qu’elles ne cessent de fraterniser entre elles.
L’esprit de 93, celui de 1830, avaient préludé à cette réforme : quel génie malfaisant détruit sans cesse la trame de notre égalité ? J’entends dire que nos députés ont peur des bastilles : eh bien ! qu’ils refassent la loi sur le recrutement.
484. De même que la religion et la guerre ne sont rien pour la science et la raison, de même le sacerdoce et l’année n’ont point de place dans la série politique. La société, à sa naissance, porte avec elle certaines institutions anormales, et pourtant nécessaires, que je comparerais volontiers à ces organes lactifères qui paraissent à la radicule des plantes au temps de la germination, et qui se dessèchent et meurent aussitôt que le végétal a pris un certain accroissement. Le rôle du soldat et du prêtre touche à sa fin : avant de remercier le ciel de ce progrès, hâtons-nous de le mériter.
485. Je dirai peu de chose des autres castes, ou catégories du travail, la critique des fonctions qu’elles engendrent devant trouver sa place ailleurs. J’observerai seulement que les fonctions agricoles, industrielles et commerciales, ne viennent à l’organisation qu’en passant par le gouvernement, c’est-à-dire en se résolvant