à des méthodes. Sans doute la jurisprudence, la politique, la théologie et la philosophie ne sont pas des sciences exactes : depuis Thalès jusqu’à M. Cousin, depuis l’Aréopage jusqu’à la Cour de Cassation, l’étude des lois n’est guère que la connaissance mnémonique de routines traditionnelles ; la philosophie est une recherche sans objet, qui cesse par la découverte du vrai. Mais qui ne voit que sous les noms de jurisprudence, philosophie, etc., on a désigné de tout temps les sphères les plus élevées de la connaissance ; qu’à diverses époques les philosophes et les clercs ont été les seuls savants ; que de leurs rangs sont sortis une foule de penseurs de premier ordre ; que leur tendance constante a été vers une méthode d’invention et de démonstration absolue ; qu’aujourd’hui même l’étude de ces prétendues sciences suppose une certaine érudition qui féconde le génie et prépare l’esprit à la synthèse : en sorte que, par l’ensemble de leurs études, par leurs habitudes logiques, par l’objet de leurs recherches et l’opinion qu’en eut de tout temps le vulgaire, les investigateurs du juste, du saint et du vrai, durent occuper le premier rang dans l’État et ouvrir la série des fonctions sociales ?
524. Or, que nous dit la théorie (420-447) ?
Elle nous dit, d’une part, que la seconde loi du travail est la composition, c’est-à-dire la détermination de la fonction comme spécialité métaphysique, en un mot, comme science ; d’autre part, que si la responsabilité a pour expression le salaire, elle a pour principe la connaissance des méthodes, la philosophie du métier, si j’ose ainsi dire, en d’autres termes, l’éducation transcendentale du travailleur. De même donc que l’humanité débute par la division du pouvoir et la spécification des fonctions, conformément à la première loi du travail, de même elle accomplit son œuvre de coordination équilibrée en frappant ses organes du sceau de l’inamovibilité et de la garantie sociale, à mesure qu’ils lui semblent réunir les conditions de haute instruction, d’intelligence synthétique et responsable, qu’elle exige.
N’examinons donc point si les protocoles des diplomates, si les codes de procédure civile et d’instruction criminelle, les rubriques des avoués et des notaires, si la logique d’Aristote et le rituel des curés sont des formulaires dignes d’entrer en comparaison avec les méthodes usitées dans les sciences physiques et mathématiques, des formulaires qui témoignent d’une intelligence forte et nourrie : la question, réduite à ces termes, serait par trop dérisoire. Il s’agit de savoir si, en commençant son œuvre d’organisation par les illuminés et les sophistes, l’Humanité a failli à sa loi, bien que l’application l’ait fréquemment trahie.