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fesseurs, dans l’administration des collèges et la direction de l’enseignement.

J’avoue que, si la démocratie est d’une pratique difficile dans la sphère politique, elle l’est bien davantage encore dans l’enseignement. Ici la divergence des opinions et des vues croît en raison même des connaissances des individus : et peut-être qu’en l’absence d’une coordination puissante de la société, qui enserre, contienne et dirige le pouvoir universitaire, la constitution définitive de ce pouvoir est radicalement impossible.

Mais, laissant de côté les questions d’application et d’opportunité, il faut reconnaître que la hiérarchie universitaire est la source des plus honteux monopoles : grammaire, histoire, géographie, grec et latin, philosophie et mathématiques, toutes les matières d’enseignement deviennent, entre les mains des agents de l’Université, je devrais dire, des préposés de la férule, moyen de fortune, de considération et d’avancement. Les faits sont connus de tout le monde : je ne déshonorerai point ce livre en en rapportant les plus fameux exemples. L’industrialisme et l’arbitraire, qui règnent partout dans l’Université, sont le vrai motif des pétitions en faveur de la liberté d’enseignement : mais, tout unis de sentiments que nous soyons aux auteurs de ces pétitions, nous ne pouvons partager leurs vues : mieux vaut encore la hiérarchie qui conduit à l’ordre, qu’une liberté qui se résoudrait dans le despotisme.

579. La division des fonctions dans l’enseignement est identique à la classification des sciences : de sorte que, tracer l’arbre généalogique des connaissances humaines, c’est organiser le pouvoir enseignant, l’Université.

« Une classification vraiment naturelle des sciences doit servir de type pour régler convenablement les divisions en classes et sections d’une société de savants qui, se partageant entre eux l’universalité des connaissances humaines, voudraient que sciences mathématiques, physiques, morales et politiques, histoire, procédés des arts, etc., rien ne fût étranger à leurs travaux…

« Qui ne voit également que la disposition la plus convenable d’une grande bibliothèque, et le plan le plus avantageux d’une bibliothèque générale, ou même d’un catalogue de livres plus restreint, serait encore le résultat d’une bonne classification de nos connaissances ? que c’est à elle d’indiquer la meilleure distribution des objets d’enseignement et le nombre des cours, soit dans les établissements destinés à l’instruction commune, soit dans les écoles supérieures ?…

« Ceux qui ont cherché à réunir les vérités relatives à un objet pour en former des sciences n’ont pas toujours su ou embrasser