le nombre de nos jours. Mais ce calcul n’est jamais d’une absolue certitude : il s’écarte, au contraire, d’autant plus de la certitude que l’application se spécialise davantage, que la série artificielle et simple, établie sous l’unique point de vue de la comparaison des âges, embrasse un moindre nombre de sujets. La certitude, en ceci, résulterait d’un calcul qui aurait pour base, non-seulement la moyenne de longévité, mais toutes les causes, tant internes qu’externes, morales et physiques, dont l’enchaînement et la combinaison doivent amener, à un moment fixe, la mort. Ce calcul ne serait, comme l’on voit, que la construction d’une série complexe : or, comme la série simple et la série composée sont incommensurables, entre la plus haute probabilité donnée par la première et la certitude fournie par la seconde, il y a un abîme.
La puissance de calculer, ou, pour mieux dire, de voir intuitivement toutes les séries complexes, quel qu’en soit le degré, produit en Dieu la science de l’avenir.
595. L’Industrie humaine consiste dans le remaniement des réalités sériées, ou, si l’on aime mieux, dans la substitution de séries idéelles aux séries naturelles des corps (371). — Toutes les lois, formes et puissances de la série trouvent dans le travail leur application (416-442).
Il suit de là :
Que le travail étant une opération sérielle, toute spécialité productive est rudiment de science, démonstration métaphysique, source de poésie et d’art, exposition de l’absolu, réduction de l’infini ;
Que comme la série est la Forme de la capacité intelligente, de même elle est la Loi de la faculté industrielle ;
Que, comme la forme de la raison est pure, impersonnelle et absolue, ainsi la loi du travail est le mètre du talent ;
Conséquemment, que toute intelligence étant appelée, d’abord à concevoir par l’entendement, puis à exprimer par le travail la série au delà de laquelle il n’y a rien pour l’esprit, l’inégalité des intelligences n’est autre chose que l’incapacité plus ou moins prolongée où se trouvent ces intelligences de concevoir et d’exprimer la série, l’ordre, le vrai ; c’est-à-dire n’est qu’un fait anormal et transitoire (308-319).
Et de même enfin que les sciences ne se hiérarchisent pas, mais se coordonnent en chœur autour de la loi sérielle : de même, dans la société, les fonctions ne sont point, les unes par rapport aux autres, subalternes, mais sœurs, mais égales.
L’opinion de l’inégalité essentielle des capacités est une erreur populaire, entretenue et caressée, comme tant d’autres, par les