Page:Proudhon - De la création de l’ordre dans l’humanité.djvu/389

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Le pouvoir arbitral n’a que deux degrés de juridiction ; mais il se divise en spécialités selon la nature des causes (577), et se résume en une cour suprême dont les membres, tous nommés par la chambre des députés sur la présentation du procureur général, choisissent entre eux leurs présidents, vice-présidents et secrétaires.

Le pouvoir enseignant, ou l’université, se compose de toutes les écoles d’arts, sciences et métiers, à tous les degrés, centralisées dans l’Institut. L’Institut se recrute par lui-même, et se gouverne en république. Le pouvoir consulaire n’a d’action sur lui que relativement à la tenue des écoles, dont les inspecteurs relèvent tous de l’autorité centrale, et sont nommés par son chef. — C’est en traitant de l’éducation qu’on aura à déterminer le rôle de la femme dans la société. La femme, jusqu’à ce qu’elle, soit épouse, est apprentie (529), tout au plus sous-maîtresse : à l’atelier, comme dans la famille, elle reste mineure, et ne fait point partie de la cité. La femme n’est pas, comme l’on dit vulgairement, la moitié ni l’égale de l’homme, mais le complément vivant et sympathique qui achève de faire de lui une personne ; là est le principe de la famille et la loi de monogamie.

571. Ainsi l’Économie sociale, éclairée par la théorie sérielle, sûre de son objet, de ses limites et de sa méthode, constituée sur une base indestructible, se rallie, après une évolution immense, à la politique instinctive et traditionnelle, et s’en saisit pour la rectifier, la conduire et ne l’abandonner jamais.

Que des sophistes, se séparant des faits accomplis et méconnaissant le progrès interne des sociétés, nous demandent ce qu’ont produit pour la félicité publique et l’établissement de l’ordre l’abolition des castes en 89, le renversement de la monarchie en 92, la suppression des cultes en 93, les institutions démocratiques de l’an ii et de l’an iii et la distinction des pouvoirs ; qu’ils se moquent de la métaphysique républicaine, et jettent le ridicule sur les abstractions parlementaires, nous pouvons leur répondre :

Toute critique qui ne va point jusqu’à pénétrer le sens des opinions et la tendance des faits, est ignorante et injuste : cette critique est la vôtre. Lorsque, sans études préliminaires et sans méthode, les hommes de la révolution abordèrent les problèmes les plus élevés de la science, ils durent manquer le but et s’égarer dans des généralités ontologiques, nous le reconnaissons de bonne foi, et nous-mêmes l’avons plus d’une fois constaté. Mais en proclamant la liberté, l’égalité et la fraternité ; en distinguant les pouvoirs et donnant pour sanction à la loi le consentement du peuple ; en cherchant, enfin, dans la réforme politique la formule de l’orga-