Page:Proudhon - De la justice dans la Révolution et dans l’Église, tome 1.djvu/230

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

depuis Lycurgue jusqu’à Cabet, gouvernent par l’autorité ? Robespierre, ni plus ni moins que Napoléon, incapable de résoudre le problème du paupérisme, gouvernait par l’autorité ; les saint-simoniens gouvernent par l’autorité ; Robert Owen, par l’autorité ; M. Auguste Comte, par l’autorité. Demain, nous verrons des biologistes, des phrénologues, des magnétiseurs, gouverner par le fluide animal, les tables tournantes, la magie, la sagie, c’est-à-dire toujours par l’autorité. Combien votre âme doit être réjouie, Monseigneur, de voir ces novateurs des derniers jours, si fiers de leur petit savoir, si orgueilleux de leur soi-disant progrès, confesser à l’unanimité qu’il n’y a pas pour l’espèce humaine de Justice, que la contrainte seule peut avoir raison de sa perversité, et donner ainsi pleinement raison à votre foi !

Mais peut-être que l’Église, en faisant de la discipline, fait sans le savoir de la morale ; peut-être qu’infidèle, par inadvertance, par spontanéité de conscience, à son propre dogme, elle va nous donner, sous une expression symbolique, la solution tant désirée.

Hélas ! hélas ! hélas ! et quatre fois hélas !

La porte de l’Église est comme celle de l’enfer, elle ne vous laisse pas même en entrant l’espérance. La discipline de l’Église, c’est que l’homme étant naturellement indigne, la propriété et la richesse ne faisant point partie de ses prérogatives, c’est à l’administration ecclésiastique d’avoir la haute main sur les propriétés, de régler les héritages, de distribuer les terres, en retenant, bien entendu, une rente ou dîme, pour les frais du culte et de l’autorité. Ici nous quittons le dogme et nous entrons dans l’histoire.