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cation en France pendant neuf siècles, depuis les Capitulaires de Charlemagne jusqu’aux approches du règne de Louis XIV. » (Blanc Saint-Bonnet, De la Restauration française, p. 70.)


Toute cette discipline est changée. L’Église, à l’heure où je parle, fait cause commune avec les grands priviléges, dont elle bénit l’exploitation hiérarchique et usuraire. Que l’Église donc s’explique une fois pour toutes.

Quelle est définitivement sa doctrine sur le prêt à intérêt ? Ne parlons pas des difficultés du moment : je comprends, j’accepte la nécessité des transitions, et n’impose à personne, pas même à l’Église, de miracles. Je demande où va le progrès ? Est-ce à l’égalité, ou à l’inégalité ? à l’égalité par le crédit mutuel, ou à l’inégalité par la prélibation de l’intérêt ? Expliquerez-vous ce changement de tactique, comme le fait l’écrivain que je viens de citer, par le désir de mettre obstacle à la formation du capital industriel, cause de notre corruption, en empêchant le crédit, d’abord par l’interdiction de l’intérêt, puis par la cherté de l’intérêt ? — Méfiez-vous du crédit, s’écrie cet auteur. Est-ce aussi votre opinion ? Vous nous devez une réponse, décisive, catégorique, comme il appartient à une église ayant pouvoir d’enseigner, et dont les décisions sont infaillibles. Êtes-vous aujourd’hui, comme autrefois, contre l’intérêt du prêt, avec la Bible, l’Évangile, la philosophie, les Pères, les conciles, les docteurs, les papes, la Révolution ? ou bien êtes-vous pour l’intérêt du prêt, avec les casuistes mitigés du dernier siècle et du nôtre, Grotius, Saumaise, Bergier, le cardinal de la Luzerne, assistés d’Adam Smith, J.-B. Say, David Ricardo, Malthus, Bastiat, Lamartine, Daniel Stern et la contre-révolution ?

Il faut répondre, Monseigneur, ou laisser dire, ce qu’à Dieu ne plaise, que vous êtes une Église de déception et d’improbité.