Page:Proudhon - De la justice dans la Révolution et dans l’Église, tome 1.djvu/338

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Toutes ces forces doivent être balancées entre elles, dans chaque catégorie, et de l’une à l’autre catégorie.

Sur ce terrain, la science est fort peu avancée. Les économistes n’entendent généralement forces de production que les forces naturelles ; et parmi les problèmes que la balance des forces soulève ils ne se sont guère occupés que d’un seul, celui dont la matérialité devait frapper le plus leur imagination, le problème, comme ils l’appellent, de la population et des subsistances.

C’est celui dont nous allons essayer la solution.

L’homme est tout à la fois puissance de production, puissance de consommation et puissance de génération. Il crée la richesse et il la consomme ; de plus, en produisant et consommant, il se multiplie. En tant qu’il rassemble en sa personne toutes les forces de la première espèce, sa puissance productrice peut être considérée, de même que sa puissance génératrice, comme illimitée. Mais les forces naturelles dont il dispose ont une limite ; et l’on peut prévoir le jour où la terre et tout ce qu’elle contient manquera à l’homme, où le capital ne sera pas en proportion du groupe travailleur et de la consommation. On demande comment doit s’opérer l’équilibre.

La solution proposée par Malthus est connue. J’ose dire que la conscience publique, du moins en France, s’est irrévocablement prononcée contre son école, et l’on pardonnera à ma vanité de croire que je ne suis pas tout à fait pour rien dans le blâme qui l’a frappée. Le socialisme peut se vanter d’avoir été, sur la question de la population, le vengeur de l’honnêteté publique : il le sera jusqu’à la fin.

Je regrette que M. Joseph Garnier, dont je ne puis m’empêcher de reconnaître la parfaite loyauté et la franchise, se soit cru autorisé par l’exemple de l’Académie des Sciences morales et politiques à attacher son nom à