Page:Proudhon - De la justice dans la Révolution et dans l’Église, tome 1.djvu/386

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posé à la Justice, une fausse hypothèse politique ; comme d’un autre côté la succession des États dans l’histoire est une marche ascensionnelle vers leur formule juridique, on peut, à ce double point de vue de la théorie et de l’histoire, les ramener tous à trois systèmes différents, que nous examinerons l’un après l’autre :

1. Système de la Nécessité, qui est celui de l’antiquité païenne ;

2. Système de la Providence, qui est celui de l’Église ;

Ces deux systèmes, antithèses l’un de l’autre, sont les extrêmes opposés d’une seule et même déduction qui embrasse tout l’âge religieux : par leur fusion ils forment depuis trois siècles le système combiné de la politique moderne ;

3. Système de la Justice, qui est celui de la Révolution, et qui constitue, par opposition au gouvernement religieux, le gouvernement humain.

Ainsi, il en est du Pouvoir comme de la propriété, de la division du travail, et de toutes les forces économiques : pris en lui-même, et abstraction faite de la pensée plus ou moins juridique qui le détermine, il est étranger au droit, indifférent à toute idée morale ; c’est un instrument de force.

Tant que le gouvernement n’a pas reçu la Justice, il reste établi sur les idées de Fatalité et de Providence, il tend à l’inorganisme, il oscille de catastrophe en catastrophe.

Le problème est donc, après avoir préparé le terrain économique, de faire au gouvernement application de la Justice, par là de l’affranchir de la fatalité et de l’arbitraire : tel est l’objet de la Révolution.