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Page:Proudhon - De la justice dans la Révolution et dans l’Église, tome 1.djvu/418

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La prédestination, dans le système chrétien, est la contre-partie de ce qu’est dans la morale rationnelle la théorie égalitaire, dont nous avons formulé les principes dans les deux études précédentes, et de laquelle nous déduirons plus bas les formes du gouvernement de la Justice ; c’est le décret providentiel, tenant lieu de charte sociale. Voici comment Bergier, le théologien classique, en résume les dispositions.

Il ne s’agit, dans l’extrait qu’on va lire, que de la prédestination relativement au salut ; mais la Providence, ainsi que la grâce, embrasse tout, et comme le temporel n’est donné qu’en vue du spirituel, comme l’ordre social a pour type l’ordre d’en haut, ce qui est dit de la prédestination dans l’autre vie doit s’entendre également de la prédestination dans la société.

Tous les catholiques sont d’accord :

« 1. Qu’il y a en Dieu un décret de prédestination, c’est-à-dire une volonté absolue et efficace de donner le royaume des cieux à tous ceux qui y parviennent en effet ;

« 2. Que Dieu, en les prédestinant à la gloire éternelle, leur a aussi donné les moyens et les grâces par lesquels il les y conduit infailliblement ;

« 3. Que ce décret est en Dieu de toute éternité, et qu’il l’a formé avant la création du monde, comme le dit saint Paul, Éph., I, 3, 45 ;

« 4. Que c’est un effet de sa bonté pure ; qu’ainsi ce décret est parfaitement libre de la part de Dieu et exempt de toute nécessité ;

« 5. Que ce décret de prédestination est infaillible ; qu’il aura infailliblement son exécution ; qu’aucun obstacle n’en empêchera l’effet : ainsi le déclare Jésus-Christ (Jean, c. x, 27, 28, 29) ;

« 6. Que, sans une révélation expresse, personne ne peut être assuré qu’il est du nombre des prédestinés ou des élus ;