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nature, l’objet et les conditions du gouvernement, je devais, me plaçant aux divers points de vue de l’âge qui finit, recueillir ce qu’avaient pensé de cette chose les anciens ; dire comment ils l’avaient traitée, quels en avaient dû être, par conséquent, d’après l’idée qu’ils s’en étaient faite, l’économie générale et les résultats.

Actuellement, la conception antique est réfutée par elle-même et réduite à l’absurde. Le pouvoir ou gouvernement dans la société, si nous devons nous en rapporter aux théories existantes, est chose contradictoire, une utopie, un néant.

Cependant, comme en dernière analyse rien de ce qui apparaît dans l’humanité, non plus que dans la nature, ne saurait supposer rien, et comme la civilisation affirme plus que jamais la nécessité d’un organisme politique, nous sommes engagés, par notre critique même, à procéder sur nouveaux frais ; et tout d’abord nous avons à rechercher la réalité positive, objective, sur laquelle, à peine de nullité, repose ce que nous appelons avec tout le monde État, Pouvoir ou Gouvernement.

Expliquons-nous sur ce réalisme.

XLIII

Dès le début de ces études, nous nous sommes posé la question : Qu’est-ce que la Justice ?

Et le résultat de nos recherches a été de démontrer que, la religion faisant de la Justice un commandement divin, la philosophie un simple rapport, une nécessité de raison, la Justice, selon toutes deux, se réduisait pour la conscience à une abstraction ; qu’ainsi le droit manquant de réalité au for intérieur, la morale entière était un pur préjugé, une soumission bénévole, nullement obligatoire, à certaines convenances en elles-mêmes dépourvues de fondement.