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CHAPITRE PREMIER.

Idée générale de l’Éducation. — Intervention de l’idée religieuse.

III

Après la morale, l’Église a toujours regardé l’éducation comme un triomphe ; c’est le plus beau fleuron de sa couronne. Il n’y a qu’elle, à l’entendre, qui sache élever la jeunesse, former son esprit et son cœur. Pas n’aurai besoin d’un long discours pour montrer qu’en fait d’éducation, pas plus qu’en fait de morale, l’Église n’a le droit de se montrer fière.

Et d’abord, qu’est-ce que l’Église apporte dans l’éducation des sujets qu’elle élève ? Que fournit-elle du sien ? Quel est son rôle, sa spécialité ?

En principe, l’éducation de l’individu est homogène et proportionnelle à l’état de l’espèce : c’est la concentration dans l’âme du jeune homme des rayons qui partent de tous les points de la collectivité.

Toute éducation a donc pour but de produire l’homme et le citoyen d’après une image en miniature de la société, par le développement méthodique des facultés physiques, intellectuelles et morales de l’enfant.

En autres termes, l’éducation est la création des mœurs dans le sujet humain, en prenant ce mot de mœurs dans son acception la plus étendue et la plus élevée, qui comprend non-seulement les droits et les devoirs, mais encore tous les modes de l’âme, sciences, arts, industries, tous les exercices du corps et de l’esprit.

Or, il est évident que l’éducation ecclésiastique n’a pas précisément pour but de remplir ce programme.