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consciences héroïques, reconnaître leur erreur, faire à la vérité le sacrifice de leur amour-propre, et prononcer ce mot toujours sublime : Je me suis trompé !

L’Église n’admet pas qu’elle se trompe, elle ne revient pas d’une fausse opinion. À qui lui démontre sa faute, elle répond par l’anathème. Plutôt que de tendre la main à la Justice, elle embrassera la Fatalité. C’est pour cela qu’il ne lui sera fait aucune grâce, et qu’elle boira jusqu’à la lie le calice de ses ignorances et de ses adultères.


CHAPITRE II.

Discussion. — Principe de la transcendance : Que le travail est de malédiction divine, et conséquemment la servitude d’institution religieuse. — Théorie spiritualiste.

X

On sait l’antipathie que les peuples sauvages ont pour le travail : ce fait bien connu suffit, jusqu’à certain point, à expliquer pourquoi toutes les mythologies, qui sont les formes de la raison chez le sauvage, l’ont condamné.

Mais que cette condamnation se soit maintenue dans une théologie savante, policée ; qu’elle soit devenue le principe secret de l’asservissement des classes laborieuses, c’est ce dont les inclinations de l’homme animal et l’histoire des cultes ne suffisent plus à rendre compte.

Or, le principe de cette animadversion systématique, principe qui est un des caractères de l’âge religieux, et dont la paresse du sauvage n’est elle-même que l’expression grossière, est dans le spiritualisme, d’où elle a passé dans la religion.

Toute spéculation de l’esprit dans le domaine de la transcendance traîne à sa suite une iniquité.

Pourquoi l’esclavage est-il propre à notre espèce, une